NOTRE VISION

Dans le travail accompli depuis de nombreuses années  pour un renouvellement de l’art dramatique, de l’art de la parole et de l’art de la scène, nous sommes convaincu que cet Art a pour mission de faire vive poétiquement sur scène la confrontation de l’Homme avec son Destin et son Devenir. L’art théâtral pourra en cela retrouver le souffle magique des anciens mystères. Il sera moderne non par le fait de présenter sur les planches toute la misère des temps moderne, mais par celui de croire en la grandeur de l’Homme et vouloir faire vivre pour « un moment » l’éternel dans le souffle qui passe. L’acteur peut découvrir que son corps, sa voix, ses gestes sont l’instrument pour cultiver les forces créatrices vivantes du peintre, du musicien, du sculpteur, du poète, et surtout celles de la parole et devenir ainsi l’acteur magicien qui par son art donne vie au monde bouleversant et bariolé de l’aventure humaine.

L’espace scénique comme expérience poétique pleinement ancrée à la fois dans notre vie terrestre sensible avec ses méandres, ses joies ses perditions, mais aussi dans ce qui, plus grand que nous nous parle par le silence, par l’invisible. Un théâtre entre l’œil et l’oreille, entre le monde de la vision, et celui de l’audition. Par la confluence de l’espace, où agissent et se débattent les hommes déterminés par leur caractère et leur milieu sociale, et celle du temps, où dans un rêve éveillé ils perçoivent les trames cachées du destin, naissent les imaginations du théâtre.

Par ces deux portes du sensible et du suprasensible – de la vision et de l’audition – s’enflamme l’acte théâtral. C’est l’art du présent ! – la scène, – le lieu où l’Homme par ses actes expérimentent le feu de la liberté et se confronte avec le mal. Les formes dramatiques, épiques ou comiques, sont les multiples visages de cette aventure…

Depuis plusieurs siècles l’artiste en l’homme est sacrifié sur l’autel de la pensée matérialiste et utilitaire. L’art est relégué à deux extrêmes qui le dénaturent : être soit pur divertissement, soit propagande. Dans le premier cas il est un corps sans âme, dans le second une âme sans corps. Soit le bouffon de l’esprit critique, soit le pompon du french cancan.

Antonin Artaud, dans son désespoir, s’écrie : « je souffre que l’esprit ne soit pas dans la vie et la vie dans l’esprit » et Méphisto ricanant lui chuchote : «Qui veut connaître et décrire le vivant,/Cherche d’abord à en faire sortir l’esprit, /Il a alors les parties dans ses mains, /Malheureusement, il ne lui manque que le lien spirituel. »

Comment réenchanter l’Homme et le monde ?

« Je suis fils de la terre et du ciel étoilé » disait Orphée dans son chant, car l’homme, est un intervalle ! Il faut tenter de voir sous l’écorce même du sensible, dans le fait anodin : l’esprit agissant. Et cela demande d’élargir notre conception de l’homme et de son destin jusqu’à sa dimension spirituelle.
C’est ce que recherche notre initiative se basant sur les cours d’Art dramatique de R. Steiner et l’Art de la parole.

Marc-Alexandre Cousquer